Conclusion

     L’art du Haut Moyen Age a été une subtile combinaison d’influences multiples et souvent lointaines. Les formes qui composent l’art celtique traditionnel sont elles-mêmes tirées d’horizons lointains. Transmises par les Saxons et popularisées par les Irlandais, on retrouve les spirales, les entrelacs, les démons serpentiformes dans l’orfèvrerie de la Gaule franque comme des souvenirs païens que le christianisme baptisera à l’égal de Clovis pour en faire un de ses plus ardents défenseurs. Reprises sur la pierre des monastères et des églises carolingiennes, elles illustrent le savant métissage entre l’esprit rebelle et batailleur des Irlandais qui n’avait d’égal que leur foi simple mais tout aussi enracinée. Les Irlandais venus relever le christianisme en Gaule et sur ses frontières, en étant présents dans de nombreuses régions, y ont essaimé des graines de celtitude pour former, durant la Renaissance carolingienne, l’une de ses composantes les plus originales. C’est dans l’enluminure chrétienne que les influences insulaires se feront les plus nombreuses, dans cette alliance subtile et féconde entre les anciens acteurs de l’empire romain, italiens et barbares mais cette fois-ci unis dans le christianisme. Rendons grâce à ces braves moines qui, dans leur esprit d’abnégation et de sacrifice, ont contribué à nous transmettre l’héritage de notre passé et répondre à notre quête d’identité.

      Les Scots nous apprennent que cette culture enracinée n’a de chance de survivre qu’au contact de la société en étant toujours elle-même fidèle à ses origines pour ne pas se diluer dans une palette de couleurs qui à force de mélanges finirait par devenir uniforme.

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