Etat religieux de l’Armorique à l’arrivée des Britons :

lettrine-l.gif (153 octets) a plus ancienne attestation du christianisme se situe vers 288 avec le martyre des Nantais Donatien et Rogatien. On ne sait pas grand chose à propos de St Clair qui aurait été le premier évêque de cette ville. Grégoire de Tours mentionne par ailleurs un certain pontife Similien qualifié de gloriosus confessor et qui aurait vécu dans la seconde moitié du IV°s. m S’ajoutent enfin, toujours pour la ville de Nantes, Eumerius présent au concile de Valence en 374, et Eusébius au Concile de Tours en 461.

     On connaît en outre le nom de St Patern à Vannes, consacré évêque vers 465, et qui aurait eu des relations avec le chef Breton Caradoc Briechbras. j

     On peut se méfier de l’habitude prise par les hagiographes des saints bretons de faire systématiquement passer ces derniers comme des évangélisateurs des campagnes armoricaines païennes. Il apparaît clair que le christianisme était présent dans cette Région à l’époque antique et que les saints comme Pol Aurélien, Brioc, Lunaire, Malo, Magloire ou Samson étaient là avant tout pour leurs propres populations d’origine insulaire.

     Il semble aussi que la majorité des membres de cette église étaient gallois. La Cornouaille ayant plutôt reçu la visite des Irlandais Fingar, Briac, Maudet ou Vougat. Ces derniers auraient toutefois joué un rôle mineur dans le développement religieux de la péninsule.k

     Dans cette vague d’immigration, les nouveaux venus fondèrent leurs propres colonies monastiques, souvent doublées d’une fonction épiscopale. Le monastère le plus ancien fut celui de St Budoc fondé sur un îlot qui touche l’île de Bréhat (Lavré).

     En 482, Gwénolé, né d’une famille d’émigrés et instruit à Lavré, installa son monastère dans la presqu’île de Crozon : le lann tovennoc, devenu Landevennec. Les moines passèrent alors d’une conception spirituelle insulaire à une vie monastique ancrée en terre qui concentra un " essaim " de moines prêts à se répandre à travers la Cornouaille.l

     En 485, Brieuc, cumulant les titres d’abbé et d’évêque, fonda son monastère et fut suivi par St Pol Aurélien qui fonda St Pol de Leon. En tout, six évêchés furent créés : St Brieuc, St Pol de Leon, Trécor fondé par Tutwal,m Dol par St Samson, Quimper dont les origines restent obscures (liées à St Corentin?)n et peut être St Malo.

m D.L. Gougaud : Les Chrétientés celtiques, op. cit., p. 117.

n Mansi : Sacrorum Conciliorum, III, 493 ; VII, 947

j F. Loth : Caradoc et St Patern, Romania, XXVIII, 1899, p.568-578

k Dom Louis Gougaud : Les chrétientés celtiques, op. cit., p.118

l Marc Simon : L’abbaye de Landevennec, Ouest France 1985, p.38, p. 47

m Sur la tombe de Tutwal, Erispoé, roi breton (825-851) fait inscrire le terme Episcopus britanniae : Dom Lobineau : Histoire de la Bretagne, t I, Paris 1707, coll. 55-56

n Dom Louis Gougaud : Les chrétientés celtiques, op. cit., p.120. La Vita Corentini n’est pas antérieure au XIII°s, elle montre St Martin en personne consacrant Corentin…

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     Cette double institution est assez frappante, on la retrouve dans les îles de Bretagne et d’Irlande. Les liens étaient courants entre les moines celtes et les expatriations nombreuses. Depuis le V°s, à la suite de St Patrick se développait en Irlande une influence prédominante des moines britons. Vers 523, après avoir fondé son monastère, Gildas partit sur la terre des Gaëls répondant à l’appel de Ste Brigide de Kildare.

     On ne trouvait pas, chez les Celtes d’Armorique, de cité épiscopale comme dans le reste de la Gaule. C’était le monastère qui était au centre de l’évêché. En dehors des grandes abbayes, le pays était parsemé de petits monastères (lann) et d’ermitages (loc). Le plou serait l’ancêtre de nombreuses paroisses armoricaines et établirait un parallèle entre la population locale (en latin plebs) et le régime du clan qui aurait survécu.j Notre Bretagne conserve encore actuellement cette toponymie celtique.

     Généralement, autour d’une fondation d’église venait se greffer un village monastique dans lequel se développaient une culture intellectuelle, des études profanes et littéraires, des besognes artistiques… spécificités qui seront étudiées plus loin.

j Dom Louis Gougaud : Les chrétientés celtiques, op. cit., p.124-125

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