ette vague dinsulaires bien quéquivalente à la précédente dans ses objectifs, en diffère quant à la forme quelle revêtit. Sensiblement moins nombreux, les irlandais étaient également très diversifiés. On y trouvait des évêques mais aussi des vagabonds véhiculant des hérésies. Limplantation de ces Irlandais se faisait plutôt à lest du Regnum Francorum, là où les campagnes nécessitaient un travail dévangélisation plus accentué, mais aussi là où le pouvoir politique semblait simplanter. La dynastie pépinide qui prit peu à peu le relais de rois mérovingiens essoufflés venait dAustrasie. Parmi les noms qui en ressortent, on connaît celui de Tuban, fondateur avec le dénommé Benedictus, du monastère de Honau sur une île du Rhin, près de Strasbourg, qui servait de halte et de base de repos pour les Irlandais partant en direction de la Hesse et de Mayence.j Altomünster dans le diocèse de Freising fut fondé par Alto dans le même temps. Fergal, de son nom latinisé en Virgile, après avoir été abbé en Irlande, aborda le continent vers 743. Après avoir fondé le monastère de St Pierre de Salzbourg, il remplaça lévêque Jean au siège ecclésial de cette même ville dont il ne fut ordonné évêque quen 755, après la mort de Boniface avec qui il avait eu des démêlés au sujet du baptême et de ses positions, très audacieuses pour lépoque, sur les antipodes.k Dans la région de Cambrai, des moines compilèrent et calligraphièrent pour Alberic (mort en 790) les canons de lHibernensis dans laquelle on retrouve un fragment dhomélie en irlandais.l Enfin, Pépin appela le Scot Abel sur le siège de Reims et ce choix fut confirmé par le pape Zacharie.m On vit également des Scots au Sud de la Loire, même si, depuis le début des migrations monastiques irlandaises, ceux ci sy étaient faits rares. Cest ainsi quà Cahors, on connaît Arnanus et Ansoald, lévêque de Poitiers, qui hébergea un certain Romanus. Toutefois, la grande vogue des pérégrination touchait à sa fin. Dautant plus quelle subissait, en haut lieu, les attaques de Boniface, apôtre de la Germanie, et la défaveur naissante de la papauté qui lui préférait désormais le zèle anglo-saxon.
Si Boniface reprochait aux Celtes lobstination de pratiques jugées suspectes, il faut reconnaître quil aurait pu être influencé par lexemple de ce que Gougaud appelait " les déchets de lémigration ". En effet, de nombreux épiscopi vagantes qui circulaient dans les zones rhénanes, sans valeur religieuse autre que les titres quils sattribuaient, prêchaient toutes formes dhérésies à des populations à peine christianisées. Ainsi, Clément rejetait le célibat ecclésiastique, la valeur des écrits des Pères de lEglise et des conciles, faisait du Christ le libérateur inconditionnel des bons et des méchants sans reconnaître la valeur de la contrition (" on ira tous au paradis "). De même, Samson proclamait linutilité du baptême pour le salut des chrétiens.j De nombreux conciles condamnèrent ces hérésiarques. Le concile germanique de 742, réuni à linstigation de Boniface, ordonna létablissement dune enquête pour les évêques vaguants qui seraient inconnus.k Le concile de Soissons de 744 obligea les clercs itinérants à se faire reconnaître par lévêque diocésain.l Toute une série de conciles énumérèrent des mesures destinées à endiguer la multiplication de ces brebis galeuses, il sagit des conciles de Ver en 755, de Mayence, de Tours et de Châlons-sur-Saône en 813.m Cest au cours de ce dernier concile que fut conférée la nullité des ordinations établies par des évêques Scotti qui nen étaient pas.n 813 ne fut pas une bonne année pour ces Scots réfractaires, puisquun capitulaire daté de septembre, résuma toutes les dispositions précédentes en y ajoutant lobligation pour chaque évêque de renvoyer chez eux tout clerc étranger non autorisé.o
Charlemagne lui même, bien quappréciant les Scots, ne montra guère de faveur envers les moines qui ne respectaient pas la discipline ecclésiastique. Cest ainsi quen 795, lempereur avait renvoyé dans sa patrie, par lintermédiaire dOffa, roi de Mercie, un Scot suspect davoir mangé de la viande en carême afin quil fût jugé par son évêque.j Mais Charlemagne sefforçait de défendre le mieux possible ceux qui lui faisaient lhonneur de passer ou de sinstaller dans ses Etats en y respectant les lois. En 774, il avait ordonné de restituer les biens des Scots dHonau et le sixième canon du concile de Tours de 813 obligeait les évêques à recevoir à leur table les étrangers et les pauvres.k Cest que lempereur désirait avant tout attirer à lui toutes les têtes savantes, artistes, théologiens, philosophes, et la foule des pèlerins en route pour Rome qui pourraient prier pour la protection de lempire. Dans le cadre de la Renaissance carolingienne, on vit une foule de noms prestigieux entourant lEmpereur de leur intelligence et qui, pour un grand nombre, étaient étrangers, italiens comme Pierre de Pise, Paulin ou Paul Diacre, anglais tels Alcuin, Sigulf, Witton ou Fridugise, espagnols à lexemple de Théodulf et les Irlandais ne manquaient pas à lappel.
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