Origine de la zoomorphie :

e nombreuses plaque-boucles de ceinture et fibules arborent sur leur cadre des têtes aviformes à bec crochu. Les Wisigoths et les Alamans ont particulièrement apprécié ce style ornemental. Ils présentaient, dans des objets cloisonnés, trois formes de rapaces : un corps écrasé par l’ampleur de la tête et des ailes, une tête très développée avec un œil et un bec imposant utilisée en buste ou un oiseau intégré dans un simple décor figuratif. Ces oiseaux sont issus de l’art de la steppe et mettent en lumière non seulement l’origine des influences artistiques mais également celle des peuples germaniques tout entiers. La parenté des langues européennes avec le sanskrit établie par les frères Schegel et Rasmus Rask au XIX°s qui donna la thèse du rameau indo-européen est elle renforcée par ces signes implicites d’un lien avec l’Asie conservé par les Germains ayant migré en dernier dans la vague ?

     Les dragons et les serpents sont symptomatiques du paganisme. On retrouve, par leur présence les anciennes divinités chthoniennes opposées aux divinités ouraniennes, celle des oiseaux déjà cités.k

k Piotr Skubiszewski : L’art du Haut Moyen Age, le livre de Poche, 1998, p. 180.

     Sous des formes entrelacées, ces forces maléfiques semblent s’entre-dévorer avec une énergie et une férocité guerrière. On devine, à travers ces figures figées dans le métal, les relents de croyances païennes encore ressenties comme telles ou l’expression d’une identité nord-européenne. Leur disposition souvent antithétique est courante dans le monde barbare occidental, elle est également héritée de l’Orient. On perçoit, en plus de ce principe très ancien de dualité des éléments, un aspect apotropaïque. Ces bijoux portent un caractère magique et sont sensés apporter de la force et du courage à leur propriétaire tout comme le feront les reliquaires chrétiens.j

j Piotr Skubiszewski : L’art du Haut Moyen Age, op. cit., p. 128.

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